Débuter en Windfoil: questions, infos, idées reçues. Spécial

bali

C'est 3 dernières années ont vu l'explosion du Windfoil un peu partout. Beaucoup ont déjà sauté le pas et d'autres hésitent encore à se lancer souvent par peur de se tromper, Voici un petit article basé sur des articles du blog de Glissattitude et du site Windfoil zone. Si vous voulez des infos sur cette discipline, ces sites sont très complets en tutos et guides même si se sont des sites marchands.

 

Le Windfoil, késako?

Pour ceux qui sont en retard d’une guerre, le foil est le nom donné à un appendice qui remplace l’aileron. En plus du plan anti-dérive vertical, on a également des plans porteurs horizontaux (en orange sur la photo ci dessous) qui génèrent non plus une force anti-dérive mais une réelle portance verticale au point de soulever la planche … qui ne touche alors plus l’eau.

foil

 

Pourquoi le windfoil?

Les plus vieux d’entre nous ont probablement connus la vraie « Planche à voile » avec laquelle on naviguait en « déplacement ». Ce terme est donné aux embarcations qui flottent car leur volume est plus important que leur poids. Lorsqu’elles avancent, ces embarcations déplacent un volume d’eau équivalent à leur poids. Bien évidement, c’est un mode de navigation plutôt lent. A la voile, c’est le cas de l’antique windsurfer, ou des monocoques actuels.

Il y a une grosse 20aine d’années, le funboard a été inventé en proposant un nouveau mode de navigation : le planning. Cette fois, la planche n’est plus portée par son volume mais par une portance générée grâce à la vitesse. On a ainsi démultiplié la vitesse, et surtout les sensations grâce à une résistance à l’avancement beaucoup plus faible ... la glisse ... vous voyez ce dont je parle. Je suis sûr que vous êtes tous addicts de cette sensation difficile à décrire du planning.

Le windfoil (ou windsurf à foil) est une nouvelle génération de glisse. Après la navigation en déplacement puis au planning, on passe à une navigation en vol. Les sensations de glisse font encore un bon en avant, en particulier grâce à une diminution drastique de la trainée. Et qui dit moins de trainée, dit moins de puissance vélique nécessaire, plus de légèreté etc. .. bref, une nouvelle révolution fondamentale dans le monde du windsurf.

 evolution

 

 

Pourquoi maintenant et pas avant?

Les premiers essais de planche à voile sur foil datent de plus de 30 ans, mais ces premiers essais étaient loin d’être concluants. 

L’époque ‘moderne’ du windfoil a été lancée par AHD avec l'AFS1, il y a quelques années, et perce aujourd’hui grace à une conjonction de plusieurs facteurs

  • l’allègement du matériel
  • la généralisation et la baisse des coûts des structures composites carbones
  • la baisse des coûts de l’usinage CNC permettant d’usiner des moules précis

L’ensemble du poids du pilote et de sa monture dépassent les 100 kg. Cela veut dire que l’aile du foil doit générer une portance de plus de 100kg pour une envergure de 70cm et une corde de 12cm. Autant dire que la précision du profil et la solidité de la structure sont primordiales. 

 

Pourquoi c'est plus simple dans le petit temps et à faible vitesse?

Tout ceux qui passent au windfoil se rendront très vite compte que l’engin est bien plus simple à maîtriser dans peu de vent et à vitesse faible et moyenne (entre 12 et 15 knt, avec des voiles de 5,2 à 6,5). C’est d’ailleurs les conditions (15 knt) que l’on conseille aux débutants dans la discipline, mais pourquoi ?

Si on analyse le fonctionnement du foil à petite vitesse, on a un équilibre stable : quand on appuie sur le pied arrière, cela occasionne une augmentation de la portance et fait monter le foil, mais en même temps, cela occasionne une augmentation de la trainée et ceci a pour effet de freiner et de refaire baisser la portance. L’équilibre est stable.

A plus haute vitesse, l’inertie supérieure de l'ensemble rend la baisse de vitesse beaucoup plus faible et le foil a vite tendance à sortie de l’eau si on ne corrige pas la balance de poids entre les 2 pieds. Il faut donc en permanence maintenir l’assiette longitudinale du flotteur … un peu plus compliqué lorsque l’on n’a pas l’habitude.

 

Quel flotteur pour faire du windfoil?

Pour débuter le windfoil, la plupart des windsurfeurs voudront se rassurer en limitant leur investissement et en leur permettant de revenir au windsurf classique. Pour ceci, ils vont utiliser un flotteur d’occasion existant, mais quel type de flotteur de windsurf ‘classique’ permet de s’initier le plus facilement au windfoil ?

Il y a déjà pas mal de littérature à ce sujet sur les forums ou les sites des marques de foil. Finalement, la réponse est très simple :

  • Outline : il faut idéalement un flotteur mesurant entre 75 et 85cm de large, le plus court possible, le plus léger possible, et le plus large possible à l’arrière (dont plutôt typé slalom light wind 

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  • Boitier : la plupart des foils nécessitent un boitier d’aileron type deep tuttle. Idéalement, on préfèrera des boitiers traversant (qui viennent jusqu’au pont de la planche, sans ‘cheminées’ pour mettre les vis) car ils favorisent une reprise des efforts sur le pont et simplifient l'installation du foil. Ceci permet aussi d'ajouter des rondelles ou plaques de renfort pour mieux repartir l'effort. Attention aux vis utilisées, elles doivent de la bonne taille afin qu'elle traversent entièrement les inserts, la puissance du foil peut facilement explosé un filetage si les vis n'ont pas assez de tours dans les inserts. Enfin le tout doit être bien serré, prenez le temps de vérifier ceci de temps en temps.

Pont visse

  

  • Footstraps : La position des footstraps est très importante en windfoil ... voir primmordiale:

Position latérale : La navigation en foil se fait plus ‘debout’ qu’en funboard. Il est nécessaire d’avoir les pieds bien à plat sur la planche, donc éviter les straps très excentrés des planches de slalom. Certains flotteurs de free-race offrent des positions d’inserts plus centrés, ce qui est parfait pour le windfoil. Sinon, vous pouvez demander à un shapeur de rajouter quelques inserts sur votre flotteur.

Position longitudinale : l’un des éléments fondamentaux en windfoil est l’équilibre longitudinal. Il faut globalement que la poussé du foil se fasse entre les 2 pieds pour permettre au pilote de contrôler le plus facilement possible l’incidence du foil. Comme le centre de poussée des différents foil du marché n’est jamais au même endroit, l’idéal est d’avoir de multiples possibilités de réglage pour trouver l’équilibre idéal.

Bien souvent les planches de slalom montrent leurs limites à cause de la positions excentrée des straps (surtout à l'arrière), il y a des bidouilles pour pallier à cela comme l'ajout de mousses EVA sous les talons (sous les Pads) ou des systemes tout fait. J'ai testé, c'est pas mal.

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Bref, pour toutes ces raisons la planche dédiée foil est bien plus adaptée. Si vous êtes mordus sachez qu'elles apportent confort et performances accrues ainsi qu'une sécurité avec leur boitier renforcé.

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Quelle voile pour le windfoil?

Le windfoil est très peu exigeant côté voile car il nécessite très peu de poussée. Globalement, on navigue avec 1,5 à 2m2 de moins qu’en funboard et des voiles de vague ou de freeride à 2 cam légères sont idéales pour pratiquer avec plaisir. Les besoins étant nouveaux, c'est vraisemblablement un domaine ou les choses vont beaucoup évoluer. En funboard, on avait tendance à naviguer sur-toilé, alors que cette fois on est sous-toilé ... plus besoin de gréements ultra rigides ! Des voiles dédiées sont apparues sur le marché, elle permettent d'avoir plus de stabilité en vol et celles-ci sont souvent plus péchues pour décoller rapidement. Des voiles de races ayant des profils très élancés (mat de 520 pour une 8m) sont aussi dispo pour la course mais là c'est lourd, très lourd...

 

Quel foil choisir?

Il y a maintenant une très grande diversité de foils sur le marché allant de la machine ultra pointue de Race au Freestyle débutant. Le choix du foil n'est vraiment pas évident, hélas. Je vous invite donc à discuter avec vos collègues foilers pour avoir leur avis. Dans tout les cas choississez du matériel evolutif, issu de marques ayant une renommée dans le foil (pas le windsurf). Attention aux premiers foils ayant un mat très avancé sur le fuselage, c'est complètement dépassé et peu adapté aux planches de foil et slalom.

Pour ma part, si j'avais quelques conseils à donner à un débutant, je dirais:

 - Choisir un foil ayant un mat de 80-85cm (pas plus) pour débuter avec un planche non dédiée, les mats de 70cm voire moins sont rapidement limitant car ils laissent peu de marge vis à vis du clapot et des rafales (il y en a plein à vendre c'est un signe...). Avec une planche dédiée on peut monter à 95cm mais ca devient un peu plus technique. Les mats de 105cm... pour plus tard... Pour la taille du fuselage (quand on a le choix), 85-90cm est le standard. Des fuselages de tailles différentes existent chez certaines marques et permettent de faire varier le comportement/plage d'utilisation du foil.

- il doit être très stable en latéral et longitudinal, c'est la clé pour s'amuser rapidement!!! Sur un foil trop libre, ardent et réactif même si plus performant, il sera difficile de garder un cap et donc de voler longtemps, on va flipper à la moindre rafale et être en permanence sur le frein. Donc, oubliez les foils de compet' surtout à Madine.

Le caractère d'un foil est très lié aux ailes qui sont montées dessus. Une aile ayant beaucoup de corde (aspect ratio ramassé) et épaisse sera plus stable qu'une aile au profil alongé et fine. Une aile ayant beaucoup de surface sera plus stable. Enfin, une aile comportant les pointes d'ailes plus recourbées sera également plus stable. Pour faire simple, quand on débute, une aile de freeride de grand surface 900-1000cm2 avec une petite voile sera plus facile. Par la suite, on peut naviguer avec des ailes plus petites et plus de toile pour aller plus vite, mais c'est une question de goût.

Exemple: deux ailes light wind de chez AFS ayant la même plage d'ultilisation:

 

R1000

R1000: 800cm2, 100cm x 11cm(puissance, decollage demandant de la vitesse, vitesse de pointe, contregîte)

 

 

F800 2       

Aile F800: 1120cm2, 80cm x 17cm (puissance, décollage à basse vitesse, vol plus lent, stabilité)

  

 

Idée reçue : C'est trop technique, je n'ai pas le niveau

Le niveau requis est celui de la navigation confortable au harnais, pieds dans les footstraps. Bien sûr, les excellents funboarders apprendront souvent plus vite, mais contrairement au kitefoil qui est réellement technique, le windfoil est accessible à la plupart. Pour donner une idée, il faut 2 à 3 demi-journées à un bon navigateur pour commencer à voler sur des bords entiers.

 

Idée reçue : Je suis trop vieux, je n'y arriverai jamais

Ce n’est pas une question d’âge mais d’envie en fait. C’est comme toujours quand on apprend, il y a une phase un peu plus physique car on est assez crispé au départ, on tombe plus souvent. Dès cette phase derrière nous, c'est une navigation avec beaucoup de douceur et beaucoup moins d'effort (on arrive sans problème à naviguer des heures sans harnais !). La dépense physique est concentrée au décollage, et elle est du même ordre que pour partir au planning avec une planche standard.

Au final, le windfoil est une activité beaucoup moins physique que le funboard. Les frottements étant très réduits, on utilise très peu de force propulsive donc des voiles qui font environ 2m2 de moins qu'en Windsurf 'classique'. Les chocs contre le clapot sont aussi fortement réduits.

 

Idée reçue : Avec les herbes à Madine c'est pas possible

Alors, je ne vais pas mentir, naviguez le long de la digue, en été... Cà va agacer. Mais si on va de l'autre coté du port, il n'y a (presque) plus de soucis. Donc argument à moitié vrai :-)

 

Idée reçue : J'ai pas envie de réapprendre autre chose

Là c’est mal parti J

L'apprentissage est beaucoup plus facile que le kite foil par exemple. En fonction de la dextérité des pratiquants, il faut entre 2h et 5h pour faire des vols de plus de 200m. La décontraction arrive au bout de 4 ou 5 sorties.

Et puis, souvenez-vous de vos premiers plannings, de l’excitation avant chaque rafales, là c’est la même chose, on se marre, on raconte nos exploits (à notre niveau, bien entendu) et nos émotions. Chaque sortie est un nouveau challenge personnel: rester en l'air sur ce truc ou jiber en l'air.

 

Idée reçue : C'est pas l'avenir car ça ne marche pas dans le vent fort

Quand on débute le foil, on pense light wind (à juste titre) : « fini les 9m vive les sessions à 10noeuds… » Alors ça c’est au début seulement en fait J, car après vient le «je vais tester à 20 nœuds » puis le « ouah ça arrache à 30 nœuds » .

On débute idéalement dans des vents médium (autour de 15 knt). En progressant, on appréhende de mieux en mieux les vents plus soutenus, et avec un peu d’habitude, naviguer dans 25knt ne pose aucun problème … il faut juste adapter les tailles de voile et ne pas hésiter à rapidement descendre en 4m2 voir moins. On prend même un plaisir certain à naviguer avec un mouchoir de poche dans les mains.

 

Idée reçue : Ca n’a pas d’avenir car c’est moins performant que le slalom

Encore une fois, c’est effectivement moins rapide qu’un flotteur de slalom POUR LE MOMENT.

Pour infos, les vitesses atteintes en foil sont de l’ordre de 17-18 knt quand on débute, et sans grand niveau, on pousse jusqu’à 22-24 ont en se mettant dans le rouge. Les extra-terrestres du foil ont déjà dépassé les 30 knt .. et ce n’est qu’un début.

Compte tenu du peu de frottement du foil, le windfoil peut théoriquement aller beaucoup plus vite que le funboard, mais il faut oser border … et pour l’instant on manque encore de niveau pour la plupart.

Mais pourquoi voulez vous aller vite ?

-       pour aller plus vite que les autres? Le tirage de bourre en foil va arriver comme en slalom. Faites confiance aux compétiteurs dans l’âme. Bali est déjà un bon test pour les slalomers ;-)

-       pour les sensations? A 20knt en foil, on a autant de sensations qu’à 35 en funboard

-    pour se faire mal lors des boites ? Pas de stress, je suis sûr que certains arriveront à se mettre des bonnes roustes en voulant aller vite en winfoil

-       Si on parle de cap, le foil est largement devant le windsurf classique … sur des parcours type triangle, il y a donc fort à parier que le foil soit devant

-    Si on parle des sessions limites autour de 12 noeuds, elles seront à coup sûr bien plus optimisées en terme de temps de navigation

-       Si on parle de sensations et de départ planning (car c’est aussi une performance), le windsurf classique est déjà largement battu

Au final, c’est surtout un argument donné par ceux qui ne pratiquent pas réellement et veulent s’auto-convaincre d'avoir raison.

 

Idée reçue : C'est dangereux

A ce jour, on n’observe pratiquement aucun accident en windfoil, les risques sont très limités, surtout dans la phase d’apprentissage. A l’exclusion de quelques amerrissages sur le nez de la planche, ou de quelques genous dans la voile, rien de bien méchant. Le fait d’être dans les straps, avec le wishbone dans les mains permet à priori de ne jamais tomber sur le foil. Les vitesses d’évolution étant assez faibles au début, les chutes sont assez douces … ce qui en fait un sport peu traumatique par rapport au windsurf classique.

Au pire peut on se faire mal aux chevilles (c’est arrivé à quelques débutants), mais on fera attention d’avoir des straps peu excentrés et pas trop ouverts.

Le seul danger peut provenir des manipulations du foil à terre, et du waterstart où le pied peut passer très près des ailes. Nous conseillons de toute façon d’éviter systématiquement le waterstart en windfoil pour éviter tout problème de ce côté.

Par précaution, on conseillera aussi le casque et le gilet lors des premiers runs (ou si vous avez décider de battre des records de vitesse) … principe de précaution

 

Idée reçue : Le windfoil c’est cher

Oui et non : comme tout, cela peut être cher quand on veut s’équiper avec le top de ce qui se fait. Cela peut être aussi tout à fait raisonnable grâce à l’arrivée de matériel produit en série et avec des matériaux moins couteux (cf foil alu NP ou Zeeko par exemple). On trouve à l'heure actuelle des foils alu d'occasion tel que le zeeko amplifier pour 400-500 euros.

Quand on aborde de ce sujet, la question n’est pas le tarif du foil en soit, mais le coût global relativement aux autres alternatives. Le windfoil nécessitant moins de gréements et étant bien moins exigeant de ce point de vue, ceci équilibre tout à fait le tarif de l’appendice. Sauf à vouloir faire de la compétition, exit les voiles au dessus de 7.5 m2, ou les modèles à plus de 2 cambers.

Pour une utilisation loisir, un quiver 7m, 5m, 3,5m est parfait pour naviguer dans toutes les conditions.

 

Conclusion:

Alors c'est sûr, moi, je suis un cramé du foil, mais je tâche de garder de l'objectivité. Alors pour vous convaincre d'au moins essayer un peu. je vais citer un Slalomeur de Madine qui a 35 ans d'expérience en Windsurf:

Début 2019: "Ah tu sais, moi j'aime bien sentir le clapot et aller vite, j'en ai acheté un mais je ne sais pas si va me plaire... Au pire je le revends rapidement".

Septembre 2019: "Ouah, je suis remonté sur ma 95l dans 30 noeuds, j'ai trouvé ça insipide par rapport au foil"

Voilà....

Si vous voulez plus d'infos, demandez aux foilers de l'AWM tels que Bali, Didier, Dom, Jean-Luc, et moi-même. On se fera un plaisir de vous parler de cette nouvelle discipline avec passion.

A+

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